Mercredi 8 septembre, quelques dizaines de militants de la Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire proche de la gauche, ont commencé à occuper la Maison du lait, les locaux de l'interprofession, à Paris pour exiger de participer désormais aux négociations sur les prix.
(Vidéo transmisse par la Confédération paysanne sur son occupation de La Maison du Lait)
Mercredi 8 septembre, à 15h15, une cinquantaine de militants de la Confédération paysanne ont investi la Maison du lait à Paris, siège du Cniel. Ils souhaitent que les syndicats minoritaires puissent siéger au sein de l'interprofession laitière (Fncl, Fnil et Fnpl). (© DR)
"N ous voulons entrer dans l'interprofession, nous avons décidé donc d'employer la manière forte et de camper jusqu'à ce que la porte s'ouvre", a déclaré à l'Afp André Bouchut, secrétaire national du syndicat, qui compte nombre d'adhérents chez les producteurs de lait. "On ne sortira de la Maison du lait que si on est expulsé ou quand on aura obtenu l'engagement d'intégrer l'interprofession laitière", a-t-il ajouté. Pour la Confédération paysanne, la Maison du lait, rue de Chateaudun à Paris, où travaillent les trois composantes de la filière (syndicat, industriels et coopératives) est "un lieu emblématique". "C'est là qu'a été décidé l'accord du 3 juin 2009 qui a fixé un prix bien trop bas pour le lait. C'est cette instance (l'interprofession) qui a décidé de l'accord du mois d'août qui est insuffisant pour les producteurs", a ajouté M. Bouchut.
Après des semaines de tensions, sur fond de baisse des revenus des agriculteurs, éleveurs et industriels sont parvenus le 18 août à un accord qui prévoyait une hausse de 10% en 2010 sur le lait pour atteindre une moyenne de 301 euros les 1.000 litres sur l'année. La "Conf", qui réclame un prix de 350 à 360 euros les 1.000 litres, avait immédiatement dénoncé ce compromis. "Pour de très nombreux producteurs fragilisés, cet accord a minima est synonyme d'un arrêt de la production", avait-elle affirmé, précisant que l'augmentation "ne compensera pas la baisse enregistrée en 2009 et au premier semestre" 2010.
Lors des dernières élections des représentants syndicats en 2007, la Confédération paysanne a obtenu 20 % des voix
L'occupation de la Maison du lait a commencé en début d'après-midi. Le syndicat réclame de siéger au sein des interprofessions, comme celle du lait, où la politique de la filière est souvent décidée. "Si c'est là que les choses doivent se décider, la Confédération paysanne doit y être", a ajouté M. Bouchut.
Lettre ouverte au président du Cniel
Dans une lettre adressée à Henri Brichart, président du Cniel, la Confédération paysanne justifie la nécessité de mettre en œuvre la repésentation des syndicats minoritaires au sein de l&rsquointerprofession laitière en :
- rappelant que « la nouvelle loi (Ndlr : Lma) renforce considérablement le rôle des interprofessions, au travers de l&rsquoencadrement et de la mise en œuvre de contrats entre producteurs et transformateurs;
- s&rsquoappuyant sur l&rsquointervention de Bruno Le Maire, ministre de l&rsquoAgriculture, lors de la session du 16 juin 2010 de la commission des affaires économiques de l&rsquoAssemblée nationale où il s&rsquoexprimait ainsi : « je suis favorable à une meilleure représentation syndicale du monde agricole, mais il appartient aux interprofessions elles-mêmes de le décider. »
(F.H.)
Aujourd'hui, seule la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea), comme syndicat majoritaire, fait partie des interprofessions. De longue date, la "Conf", qui est reconnue par les autorités comme un "syndicat représentatif", demande à rejoindre les interprofessions. Une demande d'autant plus pressante que la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche (Lmap), adoptée en juillet, renforce le rôle des interprofessions. Celles-ci se verront confier l'encadrement et la mise en oeuvre de contrats entre producteurs et transformateurs ou même la gestion des volumes de production.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, s'était déclaré favorable à "une meilleure représentation" (voir encadré) mais laissant aux interprofessions de décider elle-même. Lors des dernières élections des représentants syndicats en 2007, la Confédération paysanne a obtenu 20 % des voix. Elle ne dirige que deux chambres départementales d'agriculture (Réunion et Mayotte) après avoir perdu celle de Loire-Atlantique.